Le Réseau Action Climat-France (RAC-F), qui est le représentant français du réseau mondial d’ONG concernées par les changements climatiques, le « CAN : Climate Action Network », avait publié il y a quelques années un rapport sur l’étalement urbain et les changements climatiques. Si l’artificialisation des sols et l’urbanisation sont souvent perçues comme une tendance à enrayer, cet article aborde ce sujet sous l’angle climat-énergie, en dressant un état des lieux des impacts environnementaux, économiques et sociaux de l’étalement urbain et en faisant émerger de véritables pistes de progrès, et des moyens plus éthiques à mettre en œuvre pour mettre fin à ce phénomène anthropologique inquiétant.

C’est quoi l’étalement urbain ?

L’étalement urbain est un processus anthropologique d’expansion des villes sur leur périphérie, au détriment des espaces naturels ou agricoles. Cela se produit lorsque les villes croissent en taille et en population, ce qui entraîne une augmentation de la demande de logements, de services et d’infrastructures.

L’étalement urbain prend plusieurs formes : construction de lotissements, construction de centres commerciaux, construction de complexes industriels, aménagement de zones d’activités. Ces développements peuvent être réalisés à la périphérie de la ville, dans des zones rurales, ou bien en périphérie des communes voisines, entraînant ainsi une extension de l’agglomération.

L’étalement urbain est un processus anthropologique d’expansion des villes sur leur périphérie, au détriment des espaces naturels ou agricoles. Cela se produit lorsque les villes croissent en taille et en population, ce qui entraîne une augmentation de la demande de logements, de services et d’infrastructures.

Impacts de l’étalement urbain

L’étalement urbain, dont le principal facteur est la prédilection pour la construction d’habitat individuel et son corolaire, la construction de logements neufs et des infrastructures associées, est souvent dénoncé en raison de ses impacts environnementaux et sociaux.

Ce développement périurbain majoritairement non maîtrisé et la spécialisation fonctionnelle et sociale de l’organisation spatiale, induisent une faible densité démographique génératrice elle-même d’une augmentation de la mobilité locale et de la création de lourdes infrastructures de voies et de réseaux. Deux phénomènes à l’origine d’émissions de gaz à effets de serre. L’artificialisation des sols cultivables réduit significativement les espaces agricoles, dont les corollaires principaux sont la diminution des capacités de stockage du carbone dans les sols et la biomasse et la plus grande vulnérabilité de la biodiversité, de l’agriculture et plus généralement des territoires aux changements climatiques (inondations, sécheresses, tempêtes).

Voici une liste, non exhaustive, des impacts concrets de l’étalement urbain, tant sur des aspects environnementaux, que économiques et sociétaux :

  1. Perte d’espaces naturels et agricoles : lorsque les villes s’étendent, elles consomment des terres naturelles ou agricoles, ce qui peut entraîner une perte de biodiversité, une fragmentation des habitats et une diminution de la qualité des sols.
  2. Augmentation de la circulation automobile : l’étalement urbain peut entraîner une augmentation du nombre de déplacements en voiture, ce qui peut contribuer à l’augmentation de la congestion routière, de la pollution atmosphérique et sonore, ainsi que de la consommation d’énergie fossile.
  3. Coûts supplémentaires : les nouvelles infrastructures nécessaires pour desservir les zones éloignées peuvent entraîner des coûts supplémentaires pour les gouvernements et les habitants. Par exemple, des extensions de routes, d’aqueducs, d’égouts et de services de transport en commun peuvent coûter très cher.
  4. Isolement social : les habitants des zones périphériques peuvent se retrouver isolés, car ils sont souvent loin des centres-villes, des services publics et des activités culturelles. Cela peut entraîner une diminution de la qualité de vie et une détérioration du lien social.
  5. Émissions de gaz à effet de serre : les déplacements en voiture génèrent des émissions de gaz à effet de serre qui contribuent au changement climatique.

Quelles solutions face à l’étalement urbain ?

Préconisations du RAC-F

Les conséquences de cet étalement urbain ne sont pas soutenables.

Ce constat est partagé depuis plusieurs dizaines d’années et la lutte contre l’étalement urbain compte, depuis son inscription dans les lois Grenelle, parmi les objectifs des politiques publiques, au niveau national comme local. Cependant, la seule affirmation de cet objectif de suffira pas. Un véritable changement ne pourra s’opérer qu’au travers de la mise en place de politiques territoriales ambitieuses et efficaces et d’un cadre national cohérent.

En priorité, le RAC-F préconise de transférer la compétence d’élaboration des plans locaux d’urbanisme (PLU), actuellement aux mains des communes, à l’intercommunalité, qui dispose davantage du recul nécessaire et des moyens humains et financiers pour réaliser et mettre en œuvre une politique d’urbanisme capable de répondre aux enjeux du développement durable. Il s’agirait dans un premier temps d’inciter financièrement les communes à choisir le transfert de cette compétence, pour préparer d’ici quelques années à une obligation de ce transfert.

Un véritable changement ne pourra s’opérer qu’au travers de la mise en place de politiques territoriales ambitieuses et efficaces et d’un cadre national cohérent.

Parmi les autres solutions proposées, figurent entre autres :

  • l’intégration d’une véritable stratégie foncière dans le rapport de présentation du PLU
  • le renforcement de l’ingénierie territoriale en matière d’urbanisme et d’aménagement
  • la réforme de la fiscalité foncière et immobilière
  • l’instauration de la contribution climat-énergie qui consisterait à taxer la consommation d’énergie
  • la réforme du Prêt à taux zéro
  • le lancement d’un grand programme de rénovation des logements
  • la construction et la pérennisation des logements sociaux proches du centre
  • l’articulation des politiques d’urbanisme et de mobilité, etc.

L’aménagement durable des territoires dépendra non seulement des politiques développées à cet effet mais nécessitera aussi la révision des principes qui continuent de guider le développement urbain et une refonte de la gouvernance territoriale.

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